De la finance et des femmes
Le 8 Mars dernier se déroulait la « journée internationale des femmes », une initiative lancée pour la première fois aux Etats-Unis au début du XXème siècle et qui a par la suite été répliquée à travers le monde. L’Union Soviétique en a fait un jour férié de 1921 à 1965, et ce n’est qu’en 1977 que l’ONU adopte une résolution incitant ses membres à en lancer des versions locales.
Mais à quoi ça sert au juste, d’avoir une journée pour célébrer les femmes ? Après tout, les hommes n’ont pas un tel privilège.
Pour la même raison qu’il y a des marches pour le climat.
Certaines causes sont minimisées si on ne leur donne pas une place particulière dans le paysage médiatique ou la société, parce que le système actuel ne les priorise pas. Croyez-nous, nous rêvons d’un monde où il n’y a pas besoin d’une journée (sur 365, ou 366 les années bissextiles) pour réveiller ou raviver les consciences concernant les inégalités auxquelles font face une écrasante majorité de femmes.
Mais nous sommes surtout ici pour parler business, et d’un milieu que nous affectionnons tout particulièrement chez AquaFin : la finance.
La finance donc, et les femmes.
De Geraldine Weiss à Gita Gopinath en passant par Ngozi Okonjo-Iweala, ou encore de Laurence Boone à Marie-Anne Barbat-Layani en passant par Delphine d’Amarzit… beaucoup de noms inconnus du grand public alors qu’il s’agit là de pionnières ou de game-changers du monde la finance.
Geraldine Weiss, aka la Grande Dame des Dividendes, est connue pour son style d’investissement basé sur les dividendes d’une société plutôt que ses bénéfices, tandis que Gita Gopinath est la cheffe économiste du Fonds Monétaire International.
Ngozi Okonjo-Iweala est la directrice générale de l’Organisation Mondiale du Commerce tandis que Laurence Boone est secrétaire générale adjointe de l’OCDE.
Enfin, Marie-Anne Barbat-Layani est secrétaire générale du ministère des Comptes Publics depuis 2019 et Delphine d’Amarzit est présidente-directrice générale de la Bourse de Paris depuis 2021.
Voilà pour l’introduction.
La finance : un écosystème favorable aux hommes
En tant que professionnel.le en entreprise, remémorez-vous le nombre de fois où la direction financière était tenue par une femme. Pensez aux différentes industries avec lesquelles vous avez travaillé, aux différents pays dans lesquels vous vous êtes rendu.e.
Ça fait combien ?
Rien qu’en France, la Tribune écrivait en 2019 que les femmes représentent la majorité des employés dans les banques (61%) et l’assurance (60%). Pourtant, d’après l’INSEE, elles représentent 19% des chef.fe.s d’entreprise du secteur. Donc les hommes, qui représentent 39% des effectifs de la banque, représentent 81% des dirigeants.
Si l’on regarde maintenant les statistiques concernant le poste de DAF (direction financière), 13,2% étaient des femmes en 2018, aux Etats-Unis.
Ah.
Pourtant, à en croire Les Echos, les fonds gérés par des femmes ont affiché de meilleurs rendements pendant la pandémie que ceux dirigés par des hommes… Donc n’y aurait-il pas là une opportunité ?
Les femmes en finance, makes business sense.
L’égalité des sexes est le cinquième des 17 objectifs de développement durable fixés par l’ONU. L’idée sous-jacente est que, comme les femmes représentent plus de 50% de la population mondiale, elles représentent aussi plus de 50% du potentiel de l’humanité.
L’ONU souligne par ailleurs que chaque dollar investi dans la scolarisation des filles génère cinq dollars de croissance, tandis que chaque dollar investi dans l’amélioration des activités génératrices de revenus pour les femmes en génère sept !
L’étude « Diversity Wins » de McKinsey (2019) pointe du doigt la corrélation entre l’atteinte de la parité aux niveaux de direction et l’augmentation significative de la performance d’une entreprise. Cette parité permet une meilleure pénétration des marchés, diversifie les formes de leadership, accroît l’engagement des collaborateurs, et améliore l’image de marque, favorable à l’attraction de nouveaux talents.
Plus particulièrement en ce qui concerne les femmes dans la finance, une étude du FMI a constaté un lien entre la proportion de femmes dans la direction et la stabilité bancaire : notamment, les comités de directions affichant une plus grande proportion de femmes s’appuyaient sur une plus grande part de fonds propres, une moindre part de créances douteuses, et une meilleure résistance aux tensions.
Plusieurs éléments peuvent expliquer ces différences, comme :
- le fait que les femmes semblent mieux gérer le risque que les hommes,
- la discrimination ne permet principalement qu’aux candidates excellentes de gravir les échelons
- la diversité au conseil d’administration permet une diversité des points de vue et donc une meilleure prise de décision.
Claire Vandromme (DAF chez Apsys) et Clelia Lemaire (DAF chez Mutuaide Assistance) soulignent toutes deux que, parmi les atouts des femmes en poste de DAF, il y a leur polyvalence. Celle-ci leurs permet notamment de gérer efficacement les échéances et de faire le lien entre les parties prenantes.
Il est aussi possible que les entreprises qui favorisent un accès égalitaire à leur comité de direction soient, de base, mieux gérées.
Bien sûr, la polyvalence et la gestion plus raisonnable du risque sont sans doute plutôt le résultat du processus de socialisation des femmes qu’une qualité inhérente. La société tout entière aurait à y gagner en formant les petites filles tout comme les petits garçons à ces qualités recherchées !
Que faire pour favoriser l’accès de toutes à la finance ?
Il y a tout d’abord le volet législatif : l’Etat vise à accroître la mixité dans les entreprises, notamment grâce aux quotas, comme celui qui a été instauré l’été dernier aux entreprises de plus de 1000 salarié.e.s. L’objectif est d’imposer 30 % de femmes aux postes à plus haute responsabilité en 2027, puis d’atteindre 40 % en 2030, comme l’écrit DAF magazine. Des sanctions existent aussi pour rappeler à l’ordre les entreprises qui seraient tentées de faire sourde oreille…
Ensuite, il existe un certain nombre d’initiatives de networking et de mentorat, comme par exemple Women in Finance ou Financi’Elles, qui favorisent le recrutement de femmes dans la finance depuis quelques années.
Enfin, dressez le constat des pratiques dans votre entreprise, et réfléchissez aux barrières existantes pour vos collègues identifiées femmes, ou encore pour les candidates potentielles. Si vous êtes un homme, demandez-leur directement, ça vous évitera de faire fausse route !
En réalisant les inégalités d’accès à des postes de direction sur base du genre, vous réaliserez aussi que votre entreprise passe à côté de profils remarquables qui pourraient aider votre organisation à être plus innovative, plus agile face au changement et plus à même de poser les jalons d’une croissance durable.
Regardez encore une fois autour de vous, vos collègues et votre comité de direction : voyez-vous une diversité de points de vue ? Voyez-vous assez de femmes ?
La réponse est sans doute non, et la bonne nouvelle est que vous pouvez agir dès aujourd’hui.
Le mot de la fin s’adresse aux femmes qui nous lisent : trop souvent, nous sommes invisibilisées dans les processus de décision, et nous n’osons pas prendre la parole. Cette peur d’oser, elle est malheureusement ancrée dans une croyance limitante que nous ne sommes pas légitimes dans nos rôles de dirigeantes, de DAF, et autres postes clés de la réussite de l’entreprise.
C’est justement ce sentiment de légitimité que nous visons à réactiver en vous chez AquaFin, grâce à nos formations en finance pour non-financières, que nous pouvons mettre en place en format mixte… ou non !
Pour libérer la parole et les idées, nous utilisons des jeux, des cas réels et des exercices de réflexion qui vous aident à (re)prendre confiance et à pleinement occuper le rôle qui est le vôtre dans votre organisation.
N’attendez plus, contactez nous pour en savoir plus !
Source pour l’image: Daily Maverick, Business Maverick 168, Neesa Moodley